cyclisme et dopage ? Je pose la réflexion ….

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Chronique N°12/21  Tour de France 2018 jjdok médecin référent équipe « Fortunéo-Samsic » : dopage et cyclisme …

Pendant les 3 semaines de course sur ce Tour de France 2018 je rédige chaque jour une chronique médicale, avec des thèmes variés mais qui concernent le terrain : la nutrition, les bobos du cycliste, le dopage, la santé, l’hygiène de vie, etc. Parfois le ton est caustique, mais c’est juste pour vous réveiller ? En quelque sorte je vous fais partager mon expérience, qui s’est construite au fil du temps grâce avant tout au coureur avec qui j’ai toujours engagé une relation de respect, d’écoute, pour un travail interactif ; une relation médicale est, comme toute relation, le résultat d’une rencontre où chacun vient vers l’autre. C’est le coureur qui m’appris l’essentiel de mon job.

Chroniques précédentes :

 

Et donc aujourd’hui : cyclisme et dopage

Le dopage est-il présent dans le cyclisme ? je vais essayer de poser une réflexion tranquille, objective, lucide.

Le cyclisme a vécu des années noires ; les podiums des grands Tours étaient occupés par des cyclistes qui manifestement dérapaient ; avec une logistique dans le dopage qui était probablement fonction des moyens financiers dont disposaient les coureurs concernés ; l’objet de cette chronique n’est pas de revenir sur ce passé, mais de réfléchir sur le présent. Juste avant d’avancer sur mon analyse, .

il faut lucidement se poser la question sur le dopage dans les autres sports : certains ont-ils ou sont-ils encore « protégés » politiquement sportivement et médiatiquement ? Pour la réponse je joue mon joker. Juste je constate que dans le cyclisme les contrôles sont 10 fois plus fréquents que dans d’autres sports; et les données “officielles” placent le cyclisme bien après d’autres sports pour le nombre de cas positifs après contrôle anti-dopage.

Il faut lucidement réfléchir sur la tentation bien franchouillarde de penser que le dopage ne concerne que les « vilains » étrangers, et aucunement les « gentils » français.

Alors aujourd’hui le dopage existe encore ? Ma réponse ne vaut ni expertise ni certitude ; je suis un médecin de terrain, missionné pour que les cyclistes de mon équipe soient en bonne santé et respectent une éthique médicale ; comment m’en assurer ?

  • Aucun médicament ne peut être pris par un des coureurs de l’équipe sans que je n’en ai été préalablement informé; car sans chercher à se doper un sportif peut être positif à un contrôle si le médecin a prescrit un produit interdit ; un simple exemple : un corticoïde en comprimés prescrit pour une sinusite : traitement autorisé hors compétition, interdit en compétition.
  • Les coureurs de l’équipe signent le règlement médical interne qui leur interdit le recours à une liste de produits. En particulier le recours à certains corticoïdes locaux car OUI la porte est encore ouverte pour le dopage aux « microdoses » de corticoïdes : la réflexion est complexe, je la développe ici ; (Cet article est un peu « hard » mais expose je pense clairement comment la porte aux « microdoses » est encore ouverte …) ; il me semble qu’il serait facile pour les Instances de fermer la porte à cette possibilité de détourner la réglementation.
  • Le recours à certaines substances « récréatives » est strictement interdit par mon règlement médical : en particulier le snuss et certains somnifères (le Stilnox …) ; pas certain que ces produits ne circulent pas dans certaines équipes …
  • Les bilans biologiques réguliers auxquels sont soumis les coureurs : bilans sanguins (10 à 30 par an) hors compétition et en compétition ; bilans urinaires. L’analyse des résultats est partagée par la médecine fédérale, les Instances internationales, et moi-même.
  • L’adhésion de notre équipe au « MPCC » nous engage au respect de règles complémentaires ; par exemple l’interdiction de prescrire du Tramadol, produit non dopant (= non inscrit ce jour sur la liste des produits interdits), mais qui possèdent des effets antalgiques puissants, et des effets secondaires nuisibles pour la sécurité du coureur : vertiges, troubles de l’équilibre.

Puis-je être certain à 100% qu’aucun de « mes » coureurs triche ? NON, je ne couche pas chez eux, je ne fouille pas les valises ; juste je cherche aussi à installer avec eux une relation de respect réciproque, j’ouvre un espace de discussion et d’échange. Je suis attentif à tout signe d’alerte, notamment lors de périodes « à risque de dopage » : fin de contrat, blessure, etc. J’observe l’arrivée d’une génération de jeunes coureurs qui s’oppose à toute « médicalisation » de l’environnement sportif ; et je les encourage dans cette idée qu’un sportif n’a pas besoin d’un médecin pour gagner. Proposer à un sportif un « cadre » (nutrition, hygiène de vie, conseils pour mieux récupérer, etc.) c’est aussi je pense l’éloigner de la tentation d’aller chercher « autre chose » Je n’ai pas la prétention de dire que dans notre équipe « on lave plus blanc », j’imagine que des médecins dans d’autres équipes sont tout autant vigilants que moi pour cadrer le suivi de leurs coureurs.

Que se passe -t-il dans les autres équipes de vélo, que se passe-t-il dans les autres sports ? Perso je m’occupe de ce que je fais, de la mission qui m’est confiée ; et constamment je renvoie « mes » coureurs à cela : « on s’occupe de ce qui se passe chez nous, on se concentre sur ce qu’on fait » ; clairement certaines images du Giro m’ont interpellé et certains exploits ne me font pas rêver ; en même temps je ne suis pas légitime pour juger et décerner des bons et mauvais points. Je ne suis pas légitime, mais je pense que d’autres le sont encore moins: des personnes qui pensent connaître le milieu mais qui ne le connaissent pas, des personnes qui l’ont connu mais qui ne le connaissent plus; des “pseudo” observateurs agitateurs d’idées pour exister, ou réexister. Juste j’espère que pour leur santé certains sportifs ne paieront pas cher les démarches pour tricher ; juste j’espère que les Instances progressent dans la recherche de molécules indétectables, dans la recherche sur le dopage génétique. L’histoire du dopage dans le vélo a montré que les investigations policières portaient leurs fruits, autant voire plus que les démarches des Autorités anti-dopage ; il semble que ça fait longtemps qu’on n’a pas entendu parler de contrôles de véhicules ou de valises …

L’homme a toujours été tenté d’aller au-delà de ses capacités : l’étudiant pour préparer un examen, le politique pour se coucher tard et serrer des milliers de poignées de mains, certains pour aiguiser leurs performances sexuelles ; pour mieux dormir, pour être en forme le matin, etc. Je ne suis ni juge ni flic ni curé ; juste j’observe et comme chacun j’ai le droit de réfléchir et d’exprimer un avis. Vous aurez compris que je ne me fais aucune illusion : le dopage est présent et sera toujours présent ; simplement, avec mes moyens j’essaye de mettre en place un cadre préventif; et j’ai vraiment l’impression que de nombreux coureurs, dans mon équipe comme dans d’autres équipes, jouent le jeu pour une éthique sportive et médicale.

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