sport de haut niveau et les tentations du mystique et de l’ésotérisme …

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Chronique N°16/21  Tour de France 2018 jjdok médecin référent équipe « Fortunéo-Samsic » : sport de haut niveau, la tentation du « mystique » et de l’ésotérisme

Pendant les 3 semaines de course sur ce Tour de France 2018 je rédige chaque jour une chronique médicale, avec des thèmes variés mais qui concernent le terrain : la nutrition, les bobos du cycliste, le dopage, la santé, l’hygiène de vie, etc. Parfois le ton est caustique, mais c’est juste pour vous réveiller   En quelque sorte je vous fais partager mon expérience, qui s’est construite au fil du temps grâce avant tout au coureur avec qui j’ai toujours engagé une relation de respect, d’écoute, pour un travail interactif ; une relation médicale est, comme toute relation, le résultat d’une rencontre où chacun vient vers l’autre. C’est le coureur qui m’a appris l’essentiel de mon job.

Chroniques précédentes :

 

Donc aujourd’hui : le sport de haut niveau et la tentation du mystique et de l’ésotérisme

Oups, je me lance aujourd’hui dans une réflexion complexe ; chaque jour 5000 à 7000 internautes lisent mes articles sur ce site, sans nul doute je vais faire un floppp complet avec cet article ; pas grave, j’essaye de réfléchir sur une donnée souvent méconnue du sport de haut niveau …. Les « médecines naturelles » sont de plus en plus polluées par des gourous qui s’improvisent thérapeutes et proposent leurs services à des sportifs en détresse. Les dérives « sectaires » sont certaines. Je vais structurer cet article à partir de mon expérience de terrain, en listant des points de réflexion :

Le sport de haut niveau est éclairé par les spots, la lumière, les médias ; tentant pour toute personne d’infiltrer ce milieu pour vivre aux côtés du sportif, par procuration, des émotions, pour « exister »

De nombreux intervenants cherchent donc leur place ; il est bien difficile de mesurer le sérieux et l’impact de ces nouveaux « praticiens » tant les CV varient et l’environnement du cyclisme accuse un retard incroyable dans son approche des sciences du cerveau et de l’esprit … : « préparateurs mentaux », « ostéos » (attention, il existe de nombreux excellents ostéos qui restent dans leurs compétences), « psychologues du sport », diplômes prestigieux délivrés par des facultés du sport avec de tout jeunes praticiens qui sur leurs cartes de visite proposent une riche panoplie : préparation physique, préparation mentale, nutrition, réathlétisation, entraînement, coaching. Les gourous rôdent, les guérisseurs, les magnétiseurs ; la liste est longue.

Pourquoi le sportif est-il tenté ?

  • Son propre cursus l’a amené très vite à s’engager dans son sport, dès le plus jeune âge ; les bases objectives de sa réflexion sont donc parfois limitées ; pas question de mettre en doute l’ « intelligence » d’un sportif ; je ne me suis jamais assis sur la notion de pouvoir médical, chacun de nous est intelligent, juste nos intelligences sont différentes ; pour bien connaître la boxe de haut niveau j’ai pu apprécier l’intelligence diabolique de boxeurs alors que certains avaient quitté l’école à 14 ans.

 

  • Les sacrifices auxquels il consent sont tout simplement énormes : vie personnelle, vie familiale ; et donc la tentation est grande de trouver un « petit plus », une solution « miracle » ; les « gourous » connaissent bien les failles et s’engouffrent ; le sportif n’est en aucun cas responsable ; juste le staff est responsable : si on ne propose pas un cadre sérieux qui repose sur des bases scientifiques, si on n’installe pas une relation d’accompagnement et de pédagogie, alors le sportif va chercher d’autres solutions.

 

  • La déontologie que s’imposent les professionnels de santé ne leur permet pas d’infiltrer cette fragilité émotionnelle du sportif : il existe un Ordre des médecins, un Ordre des kinés ; toute « publicité » est interdite, par exemple un médecin peut être condamné pour proposer des solutions qui ne sont pas basées sur des preuves scientifiques.

 

  • Parce que nous, professionnels de santé, on est « moins bons » que de nombreux charlatans pour ouvrir la porte de communication avec le sportif ; rester enfermés dans nos cabinets de consultation, rester campés sur des certitudes et des dogmes, surjouer d’un « pouvoir médical », refuser de concevoir qu’un sportif de haut niveau fonctionne 50% dans les jambes et 50% dans la tête : tout cela amène le sportif à ne pas être en phase avec nous et à aller voir ailleurs. L’approche médicale « classique » ne séduit pas le sportif.

 

Les solutions : je n’ai pas la prétention de détenir une certitude, j’essaye de réfléchir

  • Accepter cette fragilité du sportif, mettre en place une prise en charge qui intègre cette donnée ; sans céder à la tentation de jouer les gourous ; juste faire son job, expliquer et expliquer encore au sportif ce qu’on peut lui proposer, dans une relation de respect, d’écoute, de partage, d’accompagnement ; passer du temps à discuter, sentir les failles et la fragilité éventuelle d’un sportif.

 

  • Le sport cycliste pourrait s’inspirer d’autres sports, tels que la voile, milieu que je connais bien : chaque intervenant est hyper spécialisé, chacun joue son rôle, à sa place.

 

 

  • Au staff dirigeant, aux Managers de structurer des staffs de compétence.

 

Juste pour terminer et sourire (mais moi ça m’attriste plutôt …), voici quelques exemples « vécus »

  • Un ostéo qui a « remis en place la moelle épinière » à un cycliste qui présentait une lombalgie (et qui bien sûr a « remis le bassin »)
  • Un coureur qui sur un Tour de France posait tous les soirs sur ses plantes de pieds un patch pour « retirer les toxines » la nuit ; ahhhh ces toxines …. ce foie engorgé ….
  • Un coureur qui appelait sa voyante tous les soirs
  • Et bien sûr le « fameux » bracelet que portait 90% du peloton il y a quelques années (censé apporter de l’énergie et maintenir l’équilibre sur le vélo)

En aucun cas je ne me moque du coureur, il souffre dans sa vie perso, il souffre dans son corps, il est souvent dévoré par l’incertitude et le stress, et donc il cherche des solutions ; juste certains « professionnels » profitent et s’engouffrent … Aux staffs dirigeants de professionnaliser leur staff.

Allez je termine par une dernière précision : nombreux sont ceux qui connaissent mon approche très « réservée » sur l’ostéopathie ; juste parce que mon expérience personnelle m’a amener à constater des dérives ; MAIS j’affirme qu’il existe de nombreux ostéos excellents, qui se limitent au champ de leurs compétences. Tout comme il existe de mauvais praticiens médecins ou kinés; je ne défends pas ma profession, je ne défends pas un quelconque pouvoir, juste je m’attriste très sérieusement des dérives sectaires dans le sport de haut niveau ….

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