cyclisme professionnel: les facteurs de la performance

Il s’agit d’un vaste sujet, qu’il n’est possible d’aborder qu’en traçant les grands lignes, sans disserter sur chacun des facteurs qui à mon sens concourent à la performance : comment aborder la réflexion de la performance chez le cycliste de haut niveau, plus généralement comment se fabrique un cycliste de haut niveau !!

Jean-Jacques Menuet

–site de conseils en médecine du sport: http://www.medecinedusportconseils.com/

–site sur lequel peuvent être téléchargées des séances de sophrologie adaptées au sport: http://www.seance-sophrologie.com/ 

La génétique : et oui, si on commençait par-là !! logique : on ne fera jamais un cheval de course avec un bourrin, désolé… Ça signifie: des critères morphologiques, la qualité des fibres musculaires (on est programmés pour être rouleur ou sprinter ou pépère devant la télé ou le bob Ricard à la pêche en rivière), le mental acquis par les gènes, le passé familial génétique de haut niveau et la transmission génétique de facteurs de la performance, le potentiel biologique génétique : je veux dire par exemple une érythropoiëse (en gros : capacité à fabriquer des globules rouges) performante qui favorisera l’endurance prolongée (de même que les très grands gabarits vont se retrouver dans le basket, avant qu’on ne parle d’hormone de croissance qui fait grandir !) ; le dépassement de soi, la force de caractère. Mon exercice de 30 années de clientèle m’a convaincu que le bébé puis le gamin que je voyais en consultation présentait déjà les mêmes traits de caractère que lorsque je le verrai plus tard à l’adolescence puis à l’âge adulte : le regard, le comportement, le sourire, la facilité ou pas à communiquer: celui qui cavale partout dans la salle d’attente et le cabinet médical, celui qui regarde de côté pour ne pas affronter le regard, celui qui affiche un regard franc et généreux, le casse-cou, le timide, etc. … Tout cela c’est la génétique.

Les facteurs environnementaux : plus de chances de devenir un cycliste de haut niveau si le père le grand père et les oncles ont fait du vélo plutôt que du piano … Les images gravées dans la mémoire, les histoires de courses racontées pour s’endormir ; il n’y a qu’à voir les très jeunes enfants qui viennent dire bonjour à Papa sur les courses, le câlin dans les bras de Papa avant le départ, l’ambiance du départ, la musique, les vélos, toutes ces images qui se greffent dans la mémoire … Puis le premier vélo, les premiers entraînements, le premier club ; la rencontre avec des gens qui communiqueront un savoir, une expérience, un charisme.

La détection : facteur essentiel pour dépister un potentiel physique, physiologique, mental.

Le recrutement : les meilleurs coureurs amateurs sont-ils recrutés ? Oui le plus souvent, mais pas toujours; parfois c’est le réseau des copains des copains, parfois il faut se poser la question de savoir pourquoi un coureur marche « trop » bien quand il est amateur puis ne marche plus du tout quand il est pro; il faut prendre le temps de connaître l’histoire personnelle et sportive du sportif; lui faire passer des tests, discuter, évaluer son projet par rapport au projet d’une équipe. Médicalement physiologiquement et psychologiquement une véritable visite d’embauche s’impose. Des coureurs au profil psychologique trop fragile vivent un véritable calvaire dans le milieu pro, et le quittent rapidement.

L’entraînement : le recours à un staff bien sûr compétent, surtout disponible, un entraîneur à  l’écoute dans une relation interactive. J’aime dire que l’entraîneur est la pièce maîtresse de la performance: la relation sportif-entraîneur est la clé de voûte de la performance. La mise en place de stratégies en phase avec les progrès de la technologie, mais en restant au centre d’une relation humaine et chaleureuse où prévalent les notions d’échange, de partage, d’empathie; Et un travail avant tout centré sur les SENSATIONS: savoir recueillir ses sensations, les analyser, pour corriger et adapter. Des protocoles de musculation adaptés à la spécificité du cycliste, en adéquation avec des protocoles nutritionnels adaptés.

Le suivi médico-sportif :

  • Dans un sport d’endurance prolongée ce suivi inclut avant tout la nutrition : comment se nourrir tout au long de l’année, comment avoir le bon carburant avant et après les entraînements et les courses, comment développer ses batteries musculaires qui vont stocker le carburant, comment récupérer ; comment être au poids et au pourcentage de masse grasse optimaux pour les objectifs ; élaboration par des spécialistes de la nutrition (et non des gourous … ou des pseudo “préparateurs multi-cartes”) de protocoles précis et adaptés à chaque type d’effort : course en ligne, contre la montre, prologue, piste ; prenant en compte de très nombreux paramètres spécifiques au sportif et à son environnement. Optimiser les processus de récupération.
  • Un suivi médical cohérent où chaque intervenant prend sa place : le médecin n’est pas entraîneur, l’entraîneur n’est pas médecin ; le médecin d’équipe est un acteur de terrain, au centre d’un réseau spécialisé de confrères tous expérimentés dans leur savoir : des référents en traumato, en cardiologie du sport, en pneumologie, etc.
  • Quelques exemples de terrain qui justifient la présence du doc : le coureur peut-il « marcher » sur une étape s’il a eu une diarrhée en pleine nuit, s’il a un bouton de fièvre qui chauffe, s’il présente un nodule du périnée qui se complique, ou une angine, s’il présente un souci de carrosserie. La médecine de terrain est spécifique et se doit de répondre rapidement à tout problème, bien évidemment dans le respect d’une éthique sportive et médicale même s’il faut prendre en compte l’exigence d’un coureur qui veut terminer son Tour même s’il présente 2 fractures de côtes.
  • La détection la prévention et la prise en charge de carences : en vitamines, en Fer (« le Fer transporte l’oxygène »), en oligo-éléments.
  • Le dépistage, la prévention et la prise en charge de pathologies qui constituent un frein à la capacité d’endurance : l’asthme d’effort(http://www.medecinedusportconseils.com/2013/04/24/asthme-ventoline-suspicion-dopage-performance/, les allergies(http://www.medecinedusportconseils.com/2013/06/03/attention-allergies-sport-pollens-et-graminees-ils-attaquent/ ), la carence en Fer(http://www.medecinedusportconseils.com/2009/10/20/les-apports-de-fer-toxiques-utiles/)
  • Le doc sur le terrain offre une écoute, une disponibilité ; un espace d’échange privilégié dans lequel rentre bien sûr la notion de confidentialité, de « non jugement ».
  • Le médecin sur le terrain travaille en interactivité avec des kinés, des ostéos: chacun son savoir son expérience ses compétences: le doc ne masse pas et ne pose pas les tapes, l’ostéo ne brouille pas les messages en donnant des conseils de nutrition.

Les facteurs psychologiques de la performance : ils sont prépondérants ; mon expérience de plus de 30 années sur le terrain m’amène à considérer qu’à potentiel physique physiologique égal, le mental fera la différence ; j’ai rédigé de nombreux articles dans ce sens ; je revendique à mon niveau une expérience, et de nombreux autres acteurs dans le sport proposent comme moi des stratégies. Dès lors que l’éthique des « outils » employés est respectée, dès lors que le sportif est respecté, dès lors que c’est lui qui est placé au centre de la stratégie, alors chacun peut trouver sa place ; on ne parle pas de psychologie à tout crin, de questionnaires à remplir, on parle de terrain, où le mécano peut aussi apporter beaucoup à un cycliste ; chaque acteur de terrain doit dans l’équipe offrir une écoute ; chaque acteur de terrain doit être conscient qu’il a sa mission, que le travail collectif doit être dirigé dans l’intérêt du seul sportif. Alors rien d’original d’avancer que celui qui gagnera sera celui qui a sublimé sa douleur, ce sera le vrai guerrier, souvent le plus malin, souvent celui qui aura bien géré ses émotions. Pour ma part je propose des outils comme la sophrologie (http://www.seance-sophrologie.com/ ), rien n’est imposé, pas d’obligations, le gars prend ou il ne prend pas.

La mission des acteurs qui environnent le sportif :

Expliquer pourquoi, comment ; le sportif qui sait pourquoi il met en place une recommandation (exemple un protocole de récupération après une course en ligne sur un parcours montagneux en pleine cagna) appliquera bien la stratégie : « comprendre pour bien faire » ; c’est la même chose pour les étirements, les exercices respiratoires, la musculation, l’entraînement.

Chaque acteur travaille avec son savoir, son expérience, et respecte le travail de l’autre ; n’oubliant pas que si le sportif n’est pas là le staff n’existe pas …

Les grandes phrases … ça fait du bien à celui qui les énonce, alors je me lâche !! Avec quelques mots qui sincèrement résument la conception que j’ai de ce que nous devons apporter à un sportif : une écoute, du respect, et passer du temps avec ceux qui vont prendre dans ce que nous leur conseillons ce qui est utile pour eux : à mon sens « le sportif le plus compétent et le plus performant est celui qui sait s’approprier ce qui lui a été transmis, et qui un jour en se retournant sur son chemin parcouru aura la conviction d’avoir atteint le maximum de son potentiel en respectant son corps et en s’épanouissant dans sa vie »

Cet exposé ne peut être qu’incomplet, partial et imparfait, mais il pouvait être intéressant de proposer mon regard en regroupant sur papier mes convictions !

PS : volontairement j’ai zappé sur le dopage … même si je sais qu’un article sur le dopage recrute 10 fois plus de lecteurs !!! Idem pour les articles ou les photos sur mon fidèle labrador 😉 Chaque sportif fait ce qu’il veut de sa vie, le médecin n’est pas là pour juger ; sa mission sera de mettre en place une stratégie de prévention mais aussi, sur le terrain, de se protéger lui-même ; un cadre précis juridique environne notre équipe comme je le pense (et j’espère … ???) la plupart des structures sportives professionnelles ; les sanctions pénales et sportives encadrent le fonctionnement d’un sport où chacun aura à prendre ses responsabilités en cas de “problème”. Mon regard m’amène à affirmer que le sport cycliste progresse, sur le terrain et les téléspectateurs avertis le constatent aussi sur les images … Un vœu : puisse une volonté politique se dégager pour que la lutte contre le dopage soit observée avec la même assiduité dans tous les sports… je n’évoque que les aspects sur la santé, conscient que le spectacle est peut-être une nécessité pour l’équilibre de la cité ….

Allez, bonne journée à tous ! Jean-Jacques

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