étape Saint-Jean de Maurienne – La Toussuire; chronique du médecin de l’équipe Bretagne Séché Environnement: “sale temps pour les gros …”

La chronique du dok de l’équipe Bretagne-Séché-Environnement, 19ème étape, pas un seul mètre de plat sur les 138km entre Saint-Jean de Maurienne en La Toussuire les Sybelles ; sale temps pour les gros … Départ 13h25

Cette étape va faire très mal … le format est très dense et compact.

Dès le départ les coureurs montent le col du Chaussy, ascension inédite sur le Tour ; puis une descente très technique, puis la Croix de Fer, puis le col du Mollard, et enfin (oufff) la montée à la Toussuire. Le spectacle est assuré, le soleil est là, espérons que les bretons agiteront les drapeaux au bord des routes, si un de nos coureurs est échappé ; je ne vous donne pas son nom, mais un de nos coureurs connaît très bien cette étape, et il est motivé …

Ainsi que je l’ai déjà exposé, de nombreux coureurs présentent une « hyperréactivité bronchique » c’est à dire que pendant l’effort la bronche s’enflamme et sécrète. Et si dès le départ de la course une bosse se présente à tous les coups la bronche va spasmer, donc moins d’oxygène inspiré, donc muscles moins oxygénés, donc les pattes vont toxiner voire « exploser ». 2 de nos coureurs sont concernés par cette problématique ; depuis 2 jours ils sécrètent beaucoup, le traitement médical consiste en une prescription d’antibiotique car les sécrétions sont infectés, et surtout ils bénéficient de séances de kinésithérapie respiratoire : avant le petit déjeuner, avant le départ, puis avant le coucher. D’un point de vue sportif j’ai demandé aux Directeurs Sportifs de veiller à ce que ces 2 coureurs puissent s’échauffer avant le départ ; non pas sur home-trainer car il fait déjà chaud ce matin et il n’est pas question de perdre un litre d’eau avant le départ ! Mais ils iront rouler sur route pendant 20-25 minutes avant le départ.

Pour la nutrition, j’ai adapté les menus en augmentant les apports en protéines; sur les étapes de montagne la dépense énergétique est assurée par la lipolyse (combustion des lipides en présence d’oxygène), la glycolyse (combustion des glucides en présence ou sans présence d’oxygène selon l’intensité), et par la combustion des acides aminés; les acides aminés sont les constituants des protéines. En gros, sur une étape de plat on évalue que les apports énergétiques sont assurés 55 à 60% par les lipides, 35 % par les glucides, moins de 5% pour les acides aminés; en montagne les pourcentages sont plutôt 55-35-10; mais tout dépend du profil du coureur (rouleur grimpeur ou sprinter), de son niveau d’entraînement (plus il a travaillé le foncier plus il est capable de “taper” dans ses lipides pour économiser ses réserves épuisables musculaires et hépatiques de glucides), sans oublier l’aspect génétique: certains sportifs sont nés pour faire de l’endurance, d’autres pour faire de la résistance, d’autres pour faire du sprint.

Pas d’autres soucis médicaux pour moi : bien sûr les périnées souffrent, les gars appliquent un mélange de pommades le soir avant le coucher pour décongestionner et désenflammer la peau. Certains ont présenté des ampoules aux pieds mais le problème est résolu. Depuis une chute qui date de 10 jours un de nos coureurs a très mal à une côte ; je me suis assuré en lui faisant passer une radio qu’il n’y avait pas de fracture ; et quand bien même il y aurait eu une fracture, il serait resté sur la course; on ne laisse pas tomber le Tour comme ça, l’obsession des gars est d’arriver à Paris; j’ai demandé à notre kiné-ostéo de strapper la région concernée pour atténuer la mobilité des côtes et muscles intercostaux, car en hyperventilant bien sûr que les côtes et les muscles intercostaux sont mis à mal …

Voilà pour les news du jour

Bien à vous, et merci pour votre fidélité; le site comptabilise 5.200.000 connexions depuis sa création en 2009, sympa !! Il est vrai que j’ai passé “quelques” heures à rédiger plus de 400 articles sur la médecine et la nutrition du sport, en livrant mes “recettes” de terrain. Ce site n’a pas pour vocation d’être un “haut lieu” de la Toile du net, à la pointe de la science et de la physiologie, juste j’essaye de faire partager mon expérience et celle des sportifs qui me font confiance. De nombreux sites médicaux ou de physiologie évoquent des sujets de façon plus scientifique.

Jean-Jacques

Egalement vous trouverez sur ce site des séances de sophrologie à télécharger, pour le travail du mental du sportif, en particulier du cycliste.